Arizona Dream

Matinée tranquille dans le « Old Town » de Scottsdale pour vous remettre du décalage horaire. En début d’après-midi, cap plein ouest à travers les étendues démesurées du désert, que fend en ligne droite infinie l’Interstate Highway 10, jalonnée çà et là de cactus Saguaro et d’arbres de Josué. Vous bifurquez ensuite vers le nord, croisez quelques bourgades perdues au milieu de nulle part, et courrez après le soleil qui disparait petit à petit sur votre horizon. Vous rejoignez le fleuve Colorado à Parker, et dans la lumière du couchant, vous empruntez la Highway 95, qui suit fidèlement ses méandres jusqu’au lac Havasu.

Ce matin, vous rejoignez au nord l’Interstate Highway 10 et la suivez pendant quelques kilomètres jusqu’au Colorado, où l’emblématique « Topock Railroad Water Tower » vous indiquera le chemin de la 66. Si vous avez une petite faim, n’hésitez pas à vous arrêter au fameux bar Topock66, une institution dans la région ! Vous vous engagez alors sur la Oatman Highway, un très ancien tronçon de la Route qui semble se perdre dans un profond désert. Le relief évolue et votre itinéraire grimpe vers l’ancienne cité minière d’Oatman, qui abrite encore des ânes sauvages, déambulant librement à travers ses quelques rues graveleuses. Les maisons en bois d’un autre âge, abritent les boutiques, bars et restaurants aux couleurs de La Route 66, artère principale qui coupe la ville en deux. Les touristes se pressent dans la pittoresque « Post Office » pour envoyer leur carte postale tamponnée du cachet 66. Après ce bond dans le passé, vous continuez à prendre de la hauteur sur cet itinéraire superbement sinueux, et jalonné d’anciennes mines désaffectées, creusées dans la montagne. Au légendaire « Sitgreaves Pass », culminant à 1 100 mètres d’altitude, la Route redescend vers la vallée, tout en maintenant ses circonvolutions et courbes en épingle à cheveux. Les panoramas sont vraiment magnifiques et la magie de la Mother Road se maintient jusqu’à Kingman.  

Vous quittez Kingman sans quitter l’asphalte siglé 66, et ralliez le lieu-dit Hackberry. Ici, un autre emblème de la Route 66, le « General Store », a souvent fait la couverture des magazines consacrés à cette route légendaire. Les paysages défilent, les panneaux et vieux bâtiments évoquant la 66 s’espacent d’avantage alors que la Route entre dans la réserve indienne Hualapai. Vous croisez la petite ville de Peach Springs, siège des institutions de la tribu, et plus loin l’Indian Road 18, qui mène à la réserve des Indiens Havasupai, gardiens des fabuleuses chutes d’eau éponyme. Vous poursuivez à travers les immenses plaines de l’Arizona et ralliez la petite bourgade de Seligman, qui garde amoureusement comme des reliques d’un proche passé, quelques boutiques fanées et vieilles devantures de magasins, datant de l’âge d’or de la « Mother Road ».

Difficile de quitter la « Vieille Route » ! Vous roulez encore quelques kilomètres dessus, au milieu des prairies desséchées où paît une rare bétail. Vous croisez à nouveau l’Interstate Highway 40, que vous empruntez vers l’est jusqu’à Ash Fork, puis filez ensuite sur la Highway 89 en direction de Prescott, l’ancienne capitale de l’Arizona. La Forêt nationale Prescott couvre d’un bel écrin de verdure ces hauts plateaux que traverse votre itinéraire du jour. Une quinzaine de kilomètres au sud de Chino Valley, vous atteignez la bifurcation sur le 89A, qui dévale la montagne en courbes sinueuses jusqu’à l’originale ville minière fantôme de Jerome, accrochée aux flancs de Cleopatra Hill. Fondée en 1883, du nom du cousin de la mère de Winston Churchill, la ville prospéra jusqu’aux premières décennies du XXe siècle sur l’extraction du cuivre, de l’or et de l’argent. Les filons s’épuisèrent et le prix du cuivre chuta fortement, la ville passa brusquement dans les années cinquante de 15 000 à 50 habitants ! Elle fut classée en 1967 et sauvée d’une disparition inéluctable à la fin des années 70 par une association qui a restauré ses anciens bâtiments et réaménagé le centre-ville, en favorisant la venue de nombreux artistes, offrant une atmosphère festive à tout l’ensemble. Continuez sur la 89A et rejoignez Cottonwood puis Sedona. La ville a sans doute perdu le charme que vénérait Max Ernst au milieu du XXe siècle, mais son environnement fait de falaises de grès rouge variant avec la lumière du soleil est toujours aussi envoûtant.

Les environs de Sedona sont propices à de très belles balades, très prisées par les marcheurs. Si vous optez pour la randonnée de Devils Bridge, la plus populaire, commencez tôt le matin pour éviter la foule et traversez en solitaire le Pont du Diable. Ou bien suivez le sentier de Cathedral Rock, ou la boucle de Bell Rock & Courthouse Butte, qui offrent des panoramas splendides sur la région et des crapahutages mémorables au milieu des amoncellements de rochers. Revenez ensuite à Sedona pour manger un hamburger au village de Oak Creek dans le réputé restaurant « Butterfly Burger ». Continuez au nord à travers la dense forêt nationale Coconino, en direction de Flagstaff, jolie petite cité « cowboy », perchée à 2 150m d’altitude, et qui a su garder un très intéressant centre-ville historique, dans lequel vous pourrez flâner agréablement et dénicher de beaux souvenirs de l’Ouest. 

La région autour de Flagstaff regorge de sites naturels et historiques de toute beauté, dont les deux « National Monuments », Sunset Crater et Wupatki. Le premier expose son haut cône piqueté de pins rappelant l’histoire géologique très explosive de la région et le second offre un bel aperçu de la culture Sinagua, ancêtre des tribus Hopi, Zuni et Pueblo. De beaux sentiers d’interprétations jalonnent tout l’itinéraire et vous font découvrir les merveilleuses ruines rougeâtres des habitations disséminées dans le paysage. Arrivée dans l’après-midi sur la gigantesque faille du Grand Canyon, cachée derrière les pins Ponderosa de la forêt nationale de Kaibab.

Ce matin, découvrez le parc en marchant au bord de sa rive sud. De promontoires rocheux au-dessus du vide vertigineux, en belvédères panoramiques, il vous offre des vues extraordinaires sur ses hautes falaises de grès, semblables à d’immenses cathédrales rocheuses, écrasant de leur majesté le mince fleuve Colorado, qui inlassablement effrite leurs bases, 1600 mètres plus bas. Prenez la direction de Page en parcourant la belle Highway 89, qui traverse un haut plateau, où s’enchaînent de vastes étendues désertiques ponctuées d’imposantes falaises rouges. Avant de rallier Page, vous croisez le merveilleux site de « Horseshoe Bend », un méandre du Colorado figurant une courbe en fer à cheval, particulièrement impressionnante vu du plateau le surplombant. Ne manquez pas de vous y arrêter, puis en fin de journée, rendez-vous au belvédère à la sortie nord de Page, sur la Highway 89 en direction de Kanab. Là, vous pourrez admirer dans toute sa splendeur, le Lac Powell, d’où émergent de véritables icebergs de pierre, rougeoyant au soleil couchant.

Ce matin, vous ne manquerez pas de visiter le site d’Antelope Canyon. La promenade dure environ 1h sur le fond sablonneux d’une rivière asséchée, dans un surprenant canyon effilé, dont les murs de grès rouge Navajo ont été façonnés en courbes sculpturales par l’eau de pluie et le vent. Avancer entre ces parois étroites, doucement éclairées par des puits de lumière naturels, est une expérience quasi mystique, particulièrement saisissante. Continuation en fin de matinée vers Monument Valley, un autre site extraordinaire géré par les Navajos. Pour en apprendre un peu plus sur cette importante nation indienne, vous avez le temps de stopper au « Navajo National Monument ». Un centre d’accueil vous éclaire sur l’histoire des Anasazis, ancêtres de toutes les tribus de la région, et des deux villages abandonnés que vous pourrez apercevoir dans le parc, construits à flanc de falaises. Arrivée à Monument Valley pour le coucher de soleil, l’instant magique de votre voyage. Cette steppe immense, piquetée d’aiguilles, d’arches et de mesas, véritable symbole du Far West et décor mythique de tous les westerns de John Ford, est un spectacle envoûtant à l’heure du crépuscule. Vous revenez au sud sur la highway 163, qui file vers Kayenta en croisant l’imposant monolithe conique « Agathla Peak », ancien bouchon volcanique créé par une puissante explosion gazeuse.

En route vers Chinle, vous longez la gigantesque Black Mesa sur la route secondaire 59. Vous traversez une steppe infinie et rejoignez la highway 191, qui vous mène au sud à l’entrée du Canyon de Chelly. Le site abrite en fait deux gorges qui partent en fourche, l’une au nord, le « Canyon del Muerto » et l’autre au sud, le « Canyon de Chelly » lui-même. Vous pourrez suivre aisément les routes qui longent les deux rives, et vous arrêter aux nombreux points de vue, offrant des panoramas époustouflants sur le vide et les hautes falaises de grès rouge, au pied desquelles s’exposent les vestiges d’habitations troglodytiques occupées du IVème au XIVème siècle environ, par les tribus Pueblos. Si vous ne choisissez pas l’excursion obligatoirement guidée au fond des gorges, aventurez-vous tout de même en milieu de journée sur le seul sentier autorisé, qui mène au fond du canyon, à hauteur des ruines de la splendide « White House ». La balade est magnifique, et le souvenir de votre émerveillement à l’arrivée, vous aidera à supporter les 120 mètres de dénivelé à remonter… La route panoramique vous mène ensuite au dernier belvédère surplombant la splendide « Spider Rock ». Telle une gigantesque antenne montant vers le ciel, cette aiguille rocheuse de près de 300 mètres, se révèle à vos yeux ébahis dans l’embrasement des couleurs de fin de journée. « Spider Rock » est sacrée pour les indiens Navajos car selon la légende, la déesse Femme Araignée, qui connait les secrets du tissage, vécut au pied de l’aiguille.

Aujourd’hui, votre itinéraire file au sud et rejoint la réserve Hopi par la route AZ 264, qui traverse le « Painted Desert » et les trois mesas délimitant le territoire de cette nation. Entre Keams Canyon et Hotevilla, partant de cet axe principal, des routes secondaires non revêtues desservent plusieurs petites communautés, dont certaines sont les plus anciens villages du continent nord-américain. Ils se confondent avec la terre d’argile ocre et la roche brune, et ne se visitent qu’avec un guide. Vous empruntez la route AZ 87 en direction de Winslow à travers un paysage plat, aride et clairsemé, et retrouvez l’Interstate Highway 40 pour rallier l’entrée nord du Parc national Petrified Forest. Consacrez l’après-midi à cette section, qui abrite un escarpement volcanique surplombant une portion particulièrement colorée du « Painted Desert ». Si par chance, un orage vous a précédés, vous apprécierez d’autant plus l’extrême beauté des pigments terreux encore humides, brillant sous la lumière rasante du soleil et s’étalant en de subtiles variations sur les pentes des collines érodées. Aventurez-vous dans la zone sauvage de la « Black Forest », avec une carte précise du site, et cherchez le fameux « Onyx Bridge », un imposant tronc pétrifié enjambant le cours d’un ruisseau peu profond. Attention tout de même à ne pas vous perdre dans cette forêt de bois mort, car il n’y a aucune indication pour vous guider !

Tôt le matin, retournez à l’entrée nord du parc, mais ne vous y attardez pas et continuez sur la route panoramique qui dessert au sud tous les sites majeurs de ce merveilleux territoire protégé. Vous commencez par le fabuleux « Newspaper Rock », offrant ses deux gros rochers couverts de plus de 600 pétroglyphes, qui témoignent de l’ancestrale présence humaine dans la région, à l’instar du site de Puerco Pueblo. Plusieurs bâtiments d’un antique village y ont été mis au jour, ainsi que de nombreux pétroglyphes, dont une spirale ciselée, laquelle selon les scientifiques a été utilisée par les Indiens comme calendrier solaire. Votre itinéraire sillonne de hautes prairies désertiques interrompues par des escarpements soudains et des collines dénudées couleur pastel, un environnement vieux de plus de 200 millions d’années. Vous observez çà et là des billes pétrifiées, provenant pour la plupart de grands conifères, qui ont poussé il y a des millions d’années le long de cours d’eau, et fini par s’effondrer après d’innombrables crues. Ensevelis sous les sédiments et les cendres volcaniques, leurs tissus organiques gorgés d’une eau chargée en silice, remplacés par du quartz multicolore, les troncs se transformèrent en bûches fossilisées géantes. Pour vous représenter comment ces joyaux pétrifiés ont été libérés par l’érosion, vous suivez le magnifique sentier de « Blue Mesa » et pour finir votre découverte de ces lieux étranges, déambulez sur le chemin de la « Rainbow Forest », derrière le musée éponyme, dans un paysage austère battu par les vents. En fin de matinée, vous vous dirigez au sud vers Show Low, une ville frontière posée à plus de 1900 mètres d’altitude, au cœur d’une fraîche et dense forêt de pins Ponderosa. La highway 60 parcourt la zone de transition, qui relie les montagnes boisées du plateau du Colorado, aux terres arides et désertiques du sud de l’Arizona, en traversant des paysages variés de toute beauté, dont l’époustouflant « Salt River Canyon ». Arrivée en fin d’après-midi à Globe.

Cap au sud-est pour rejoindre l’Interstate highway 10, qui file à travers l’Arizona dans une infinie mer de buissons de sauge. Vous bifurquez en direction du spectaculaire parc isolé de « Chiricahua National Monument ». Ce site que les Apaches utilisaient comme bastion pour lancer des raids contre les colons, la cavalerie américaine et les fermiers mexicains, préserve des paysages remarquables et vraiment uniques. Nommé par les indiens, la « Terre des Roches debout », ce haut plateau abrite une impressionnante série d’énormes pinacles, de flèches et colonnes de pierre, ainsi que d’étonnants rochers en équilibre, entourés d’une verte et dense végétation. Continuation vers la ravissante et authentique Bisbee, blottie dans la vallée verdoyante de San Pedro, au cœur des « Mule Mountains ». Grâce à la mine de cuivre découverte au pied de ces montagnes, les habitants de Bisbee construisirent un opéra et des bâtiments de style victorien italianisant, toujours partiellement intacts. Cette richesse passée s’admire le long des rues pentues et tortueuses, qui s’accrochent aux flancs des canyons. En soirée installez-vous au comptoir du « Stock Exchange Bar », l’ancienne Bourse aux mines restaurée en saloon, et sirotez votre boisson favorite en écoutant de la musique « live ».

En route pour Tombstone, la plus célèbre des villes minières du Far West, qui doit sa renommée au légendaire « Règlement de comptes à OK Corral ». En effet, sans Wyatt Earp et Doc Holliday, la ville serait sans doute tombée dans l’oubli après l’inondation de sa principale mine d’argent en 1886. Si l’ambiance théâtrale et éminemment touristique vous rebute, rendez-vous rapidement à Tucson, où votre ranch vous attend, posé à l’entrée du parc national Saguaro. Passez un après-midi entier toute en couleurs et sérénité, au cœur de ce milieu naturel extrême, mais d’une si séduisante et inspirante beauté, notamment lorsque les fleurs sauvages, buissons et cactus fleurissent après une grosse averse et pigmentent le désert de leurs époustouflantes nuances bigarrées. Si le cœur vous en dit, parcourez les 40km d’épingle à cheveux et de virages aveugles serpentant sur le flanc sud des montagnes de Santa Catalina, jusqu’au sommet du mont Lemmon. Vous terminez votre route dans une fraîche forêt de conifères rappelant d’avantage le Canada que le sud de l’Arizona et vivez un moment magique en fin de journée en contemplant le splendide panorama à presque 3000 mètres d’altitude, au-dessus des vallées et canyons environnants.

Ce matin, vous rejoignez tranquillement l’aéroport de Phoenix pour y restituer votre véhicule et embarquer sur le vol direct qui vous ramène en France. 

Arrivée en France